Un soir ordinaire... enfin presque

Darkraito était surpris de cette improbable rencontre il ne pensait vraiment pas les rencontrer ici ... et surtout dans ces circonstances...
Jamais il n'aurait pensé les voirs tout deux l'attaquer de cette façon si soudaine il y avait forcemment quelque chose qui n'allait pas, pour qu'Alena parraisse si préssée et énervée et qu'Aurion parraisse si troubler c'est que quelque chose n'allait vraiment pas.

Hey que faites vous ici, que se passe-t-il? J'ai quand meme le droit à quelques réponses, vous avez failli me tuer ...

Il continuait donc à avancer en compagnie de la mage. Plus ils s'enfonçaient dans l'obscurité qui régnait sur Nosville, plus le jeune escrimeur s'enfonçait dans ses pensées. Il allait affronter un ou plusieurs ennemis dont il ne savait strictement rien sur eux et peut-être que eux-mêmes avaient des renseignements sur ses compétences. Les questions tourbillonnaient sans cesse dans sa tête si bien que la voix de darkr, demandant des explications, lui parut lointaine, très lointaine. La voix de la mage le tira de ses pensées, ne voulant plus retardé l'échéance du combat, il ne prit même pas la peine de répondre à Darkraito. De toute façon, cette histoire ne concernée que Alena et elle avait acceptée, presque à contre-coeur, l'aide du jeune escrimeur. Ils ne devaient pas mélé Darkr à cette histoire. La croix noir le brulait mais il ne s'en souciait pas non plus. Il n'avait plus qu'une envie, en finir avec cette histoire et ce combat. Une fois finit, il pourra en savoir un peu plus sur le passé de la mage. Mais ce qui l'inquiètait encore plus, c'était Alena elle-même.

En effet, peut-être était-ce la tension qui montait ou l'effet de voir son ennemis mais Aurion avait l'impression de ne plus faire équipe avec la mage qu'il connaissait ou qu'il a toujours connu. Sa voix était froide, ses répliques sanglantes et depuis qu'ils marchaient en direction du repaire de l'alchimiste, il pouvait ressentir les pulsions meurtrières qui se dégagaient d'elle. Si bien qu'il avait l'impression d'être en face d'une sorte de berserk mage. Il jetait, de temps en temps, un regard en direction de la mage et fut frappé par le sourire qui marquait son visage d'habitude si rassurant. Le genre de sourire a vous glacer le sang, à moins que ce ne soit que l'imagination du jeune escrimeur.
Il regarda droit devant lui, ils y étaient enfin. Le repaire de Malcolm, la où tout va se jouer. Alena regarda Aurion, un regard plutot douteux, Aurion sourit pour tenter de rassurer la mage. L'obcurité donnait au repaire des hallures de chateau hanté, ce qui ne déplaisait pas à Aurion. Il s'approcha de la mage et lui demanda, dans un murmure:
On y est, j'aimerai que tu me dises tout de lui. Enfin surtout ses techniques, capacités et compagnies.

Il pensait être observé par quelqu'un tapit dans l'obscurité, il posa une main sur son épée puis scruta les alentours. Il ne vit rien d'anormal.
Il fixa la mage encore une fois et dit, toujours dans un chuchotement à peine audible:

Dès que tu m'aura tout expliquer, j'irai attendre notre ami derrière le repaire en espèrant qu'il me prenne pour le livreur.

Ses sens en alerte, il attendit donc, les explications de la mage...

Après cette improbable rencontre avec ses anciens compagnons Darkraito retourna à son occupation première, celle ci accomplie, Il retourna chez lui sans se presser et ne pretant pas attention a tout ce qui pouvait l'entourer. Il était impatient de savoir ce qui se tramait et ce qui pouvait bien les mettre Alena et aurion dans un etat pareil.

Arrivé devant chez lui il ouvra la porte de sa main qui portait un bandage et alla directement se coucher apres avoir ranger son sabre juste a coté de lui.

Il ne reculerait pas, voilà ce que pensait Aurion dans cette situation. Bien qu'elle soit critique pour lui, il ne laisserai pas transparaitre une quelconque faiblesse et il avait confiance en Alena. Il savait que la mage ne le laisserait pas tomber. Il regarda attentivement ses adversaires lorsque, soudainement , un éclair bleu frappa la plus petite des deux silhouette. Avant même de voir qui avait lancé ce sort, Aurion sourit. Il savait que c'était l'oeuvre d'Alena.
Aussi, dès qu'elle fut proche du jeune escrimeur, elle entama le dialogue avec Ramzabeoulve. Une fois ces quelques paroles froidement échangées, Alena attaqua la complice de Ramzabeoulve, toujours immobilisé. Le sort de la mage toucha la complice, qui fut projetée quelques mètres derrière leur ennemis, maintenant seul. Le jeune escrimeur était convaincue qu'elle était morte et il ne pouvait s'empêché de penser que cela faisait un adversaire en moins.

Sous le coup de la colère sans doute, Ramzabeoulve chargea tout en hurlant en direction d'Alena. Ne savant pas quoi faire, Aurion fit la seule chose qui lui vint à l'esprit, s'interposer. Il se mit devant Alena et attaqua l'ennemis. L'attaque du jeune escrimeur fut balayer par Ramzabeoulve et Aurion encaissa un violent coup d'épaule qui le projeta quelques mètres plus loin. Sous le coup, il lacha son épée qui se planta violemment dans le sol, près de la mage tandis qu' Aurion retomba sur le sol, faisant s'élever un nuage de fumée et de poussière. Le jeune escrimeur avait honte de se faire balayer ainsi. Entandre son adversaire ricaner ne pouvait qu'accroitre sa colère. Quelques secondes plus tard, 2 coups de hache dispersèrent le nuage de fumée laissant apparaitre, Aurion en berserk. Il pointa la hache vers son ennemis, puis dit en souriant :

Bien, assez joué. Passons aux choses sérieuses.

Aurion était étrangement contant de la réponse de Ramzabeoulve. Il ne souhaité que sa, un duel. Soudain, une aura toucha Aurion et soigna les quelques blessures legères qu'il avait reçu. Il regarda ensuite la mage s'éloignée, lorsque Ramzabeoulve arriva très rapidement et attaqua lourdement le jeune escrimeur qui évita de peu le puissant coup de son adversaire. Il contre-attaqua directement avec un puissant coup de hache horizontale, Ramzabeoulve se baissa pour esquiver. Le jeune escrimeur recula, laissant le temps à son adversaire de se relever, puis il courut vers lui, toujours le sourire aux lèvres. Ramzabeoulve attaqua mais Aurion para sans trop de difficulté. Puis, Aurion donna un coup de hache facilement parable mais lorsque Ramzabeoulve para, de la foudre noir s'abattit sur son adversaire. Ramzabeoulve se jeta sur le côté et attaqua Aurion par derrière qui se baissa juste à temps pour éviter le coup de son ennemis. Le combat continua pendant plusieurs minutes, les deux adversaires étaient à égalité, chacun attaquant avec autant de force et de hargne qu'il pouvait.

Soudain, Aurion s'éloigna de son adversaire. Ce combat allait se prolonger et ce n'était pas forcement bon pour eux. Aurion ricana et regarda son adversaire droit dans les yeux. Maintenant ça allait être quitte ou double.
Son adversaire fonça sur lui, tandis que le jeune escrimeur tendit sa hache et commença à tourner sur lui-même. La vitesse et la force de son coup laissèrent une traînée d'énergie orangée après le passage de sa hache.
"LA TORNADE DECHIQUETANTE !!"
Ramzabeoulve attaqua de toutes ses forces au même moment. Le choc des deux des épées provoqua soudainement une sorte de petite explosion qui avait soulevé de la poussière et de la terre ce qui fit donc, une épaisse fumée. Lorsque celle-ci se dissipas, le jeune escrimeur était agenouillé, sa hache le servant d'appuie. Il avait reçu pas mal de coups de ce dernier assaut.

C'est fini, tu m'as bien amusé pendant un moment mais je vais t'achever. Ce sera ensuite au tour d'Alena.

Ramzabeoulve rigola, d'un rire froid et cruel.

Pfff pauvre naze. Comme si tu pouvais battre Alena. Prépare toi à pleurer, elle va te mettre minable.

Sur ces paroles, le jeune escrimeur baissa la tête en signe d'impuissance et attendit, le jugement de son adversaire...

Elle s'efforçait de respirer profondément, cherchant à calmer sa colère. Qu'il ait voulu sa mort, c'était une seconde chance inespérée, une occasion de régler ses comptes avec celui qui avait bouleversé sa vie. Mais une fois encore, leur entrevue avait été confuse, la fin bien trop rapide à son goût. Elle avait tant à lui faire payer, et le destin s'acharnait à lui refuser une belle vengeance.
La voix d'Aurion, tout proche, la fit se retourner. Il avait repris son apparence normale, et le sang maculait ses vêtements. Encore une chose qu'elle aurait aimé venger ... Elle lança un autre sort de soin, elle percevait, à travers les gestes du jeune escrimeur, sa douleur... mais aussi... une sorte de culpabilité. S'en voulait-il d'avoir été vaincu par Ramzabeoulve ?
Elle hocha doucement la tête, sentant sa colère s'apaiser :

Tu as raison, on ne devrait pas rester là.

Elle s'écarta de la maison de l'alchimiste, et se dirigea vers la complice, toujours étendue au sol.

Et elle, on en fait quoi ? On la laisse là ? Et si elle cherche à se venger... ben... ça nous fera un peu d'exercice, non ? A moins que tu te sentes de la tuer, alors qu'elle est inconsciente.

Elle soupira doucement, la tension de la bataille retombant peu à peu.

Et pour lui, on le laisse là. Malcom est presque sénile, il pourrait bien croire qu'il l'a lui-même tué et s'en débarasser à notre place. Et de toutes façons, rien ne permet de remonter jusqu'à nous.

Elle l'avait bien entendu lui demander de lui expliquer ce qu'il s'était passé, mais elle ne se sentait pas capable d'en parler là, à côté du cadavre. Et elle ne voulait pas en parler en pleine rue. Elle se rapprocha de lui et lui dit :

Allons-y. Ne trainons pas dans les parages.

Elle avança doucement, veillant à ce que l'escrimeur blessé ne se fatigue pas trop. Elle tentait d'ordonner ses souvenirs, et malgré elle, commença a raconter :

Quand j'étais petite, mes parents m'ont confié à un sorcier. Ils ne voulaient pas que j'ai leur vie, ils voulaient que j'ai une meilleure vie qu'eux. Mais ils ignoraient tout de cet homme, qui vivait loin de chez nous. Ils ne se doutaient pas quelle magie il pratiquait...

Elle s'interrompit en voyant les silhouettes des gardes, faisant leur ronde dans la ville.

Toujours appuyé contre la maison de Malcolm, le jeune escrimeur regarda la complice de Ramzabeoulve. Il ne savait même pas que cette dernière était encore en vie mais quand Alena lui demanda de ce qu'il comptait faire d'elle, il ne savait pas quoi faire. Il ne sentait pas de la tuer alors qu'elle était encore inconsciente. Vu la manière dont Alena s'en ai débarrassé, elle ne devait pas être bien dangereuse, ils pouvaient donc la laisser ici. La jeune mage commença à partir vers la direction du repaire des PhoeniX. Ce qui voulait dire qu'elle devait penser la même chose qu'Aurion. Elle marchait d'un pas assez lent, ce qui permis au jeune escrimeur de la rejoindre. Il continuait à avancer d'un pas incertains et il se demandait comment il aurait pu marcher sans les deux sorts de soin lancés par la mage. Aurion attendit mais la mage ne parlait toujours pas d'elle, aussi il pensait qu'il ne saurait pas le fin mot de l'histoire. Mais soudainement, elle commença à parler de son passé. Elle parla de la décision de ses parents, de ce mysterieux sorcier puis elle s'arrêta de parler et même d'avancer.

Alena étant devant le jeune escrimeur, Aurion ne vit pas directement ce qui les empêcher de continuer leur chemin. Il se décala sur le côté et vit alors plusieurs silhouettes. Ils reconnuent alors les gardes de Nosville, ils devaient certainement faire leurs rondes à cette heure-ci. Pris d'une sueur froide, Aurion s'imagina ce qui allait se passer. Les gardes vont surement emprisonnés Alena et Aurion après la découverte du cadavre et du corps du complice inanimé. Une image traversa son esprit, il voyait Alena dans une cellule où la saleté et l'obscurité règnaient. Elle avait la tête appuyé contre les barreaux de sa cellule en regardant vaguement le sol. A cette idée, la crainte laissa place à la haine et à la colère. Jamais il ne les laisserait faire. Il prit alors une décision, il s'avanca, sa main posé sur son épée et dit d'une voix à peine audible:

Je m'en occupe Alena.

Soudains un des gardes leva une main et dit:

Bonsoir, avez-vous vu ou entandu quelque chose de suspect ?

Sous le coup de la surprise et de l'etonnement, il ne répondit pas de suite, mais après quelques minutes, il dit:

Euh non... Rien de spécial.

Très bien, évitez de vous balader si tardivement dans Nosville, on pourrait croire que vous maniganciez un mauvais coup.

A ces mots, Aurion avait encore eu une sueur froide. Etait-il possible que les gardes se doutent de quelque chose ?
Mais Aurion était soulagé que les gardes n'aient pas vu le cadavre.Tout était enfin fini, ils allaient enfin pouvoir rentrer.

Tout à coup, une porte s'ouvrit avec un grommellement sonore, cela devait être Malcolm. Il se rapprocha d'Alena et dit à basse voix:

Alena, on ferait mieux de rentrer et vite. Je pense qu'on a eu assez d'ennuis comme sa pour ce soir.

Alors que Malcolm sortait de chez lui, Aurion suivit Alena et partit en direction du repaire des PhoeniX. Il arrivait presque à marcher normalement grâce aux multiples sort de soin lancés par la mage. Alors qu'il rentrait, il se rememora tout les evenements de cette longue nuit.Oui cette nuit lui avait semblé interminable mais au moins, tout s'est bien finit. Sauf la desastreuse défaite du jeune escrimeur face à Ramzabeoulve. Il s'en voulait, il avait été blessé physiquement, certes, mais c'était surtout dans sa fierté qu'il était le plus touché. Il s'était fait balayé, même si il n'avait pas trop utilisé la fameuse épée qu'il avait à sa ceinture, la défaite restait cuisante. Plus tard, ils arrivèrent au repaire des PhoeniX, Aurion ne savait pas combien de temps ils avaient mit pour rentrer. Mais le principal, c'est qu'il n'y ai pas eu de nouveaux problemes sur le chemin du retour.


Alena rentra en première dans le repaire. Aurion la suivit puis elle entandit parler à quelqu'un. C'était le livreur. Avec tout ses evenements, Aurion l'avait completement oublié. Elle le détacha, le menaça si il parlait de cette histoire à quelqu'un puis partit. Aurion se retourna pour le suivre du regard, puis il se retourna vers Alena. Cette dernière remercia Aurion pour son aide et elle lui dit aussi qu'elle était contente d'avoir été à ses côtés.
Aurion souria un peu bêtement et répondit:

Bah de rien, c'est moi qui devrait te remercier, tu m'as sauvé la mise plusieurs fois ce soir.

Il prit une chaise et s'assit, puis souffla. Il aurait beaucoup aimé que Alena lui raconte la suite de son passé mais elle était peut-être trop fatigué pour en parler. Il ne savait pas si lui demander maintenant aurait de bon résultat. Finalement, il se jeta à l'eau:

Par contre, tu n'as pas eu le temps de tout m'expliquer sur toi. Donc si tu te sent d'en parler maintenant, je técoute.

Elle s'agitait dans la cuisine, cherchant verres et boisson, plus pour masquer son malaise que pour apaiser sa soif. Et voilà qu'il la remerciait, alors qu'elle l'avait elle-même entrainé dans cette histoire. Elle finit par déposer sur la table ce qu'elle cherchait, et se laissa lourdement tomber sur une chaise.

- Ne me remercie pas, s'il te plait. Je suis la seule responsable, sans moi, tu n'aurais couru aucun risque ce soir.

Elle haussa doucement les épaules : elle savait cette conversation vaine, ce qui s'était passé appartenait précisément au passé, et c'était inutile de se perdre en conjonctures. Elle devinait, dans son regard et sur son visage, qu'il hésitait, mais ce ne fut que lorsqu'il parla qu'elle comprit. Il avait sans doute peur d'insister, mais elle savait sa curiosité saine, et elle devait bien ça. Pourtant... elle se releva soudain, et disparu dans les couloirs sombres de la maison des PhoeniX. Quelques instants plus tard, elle était de retour, apportant divers flacons et bandages.

- Occupes toi de tes blessures, s'il te plait, pendant que je te raconte cette histoire.

Elle déposa le tout devant l'escrimeur, et se replongea dans ses souvenirs :

- Il s'appelait Syran. Il me paraissait immense, et ses sourcils broussailleux lui donnaient un air perpétuellement fâché. Il m'impressionnait, physiquement, mais aussi à cause de son immense savoir. Au début, je l'aidais pour nettoyer ses instruments, pour aller chercher divers ingrédients. Et puis, petit à petit, il m'a appris différents sorts. Je les exécutais, et je me sentais stupidement fière qu'il daigne partager une partie de sa connaissance avec moi. Je m'entrainais sur des petits animaux, dans mon coin, sans chercher à savoir ce que lui faisait.

Elle but une longue gorgée d'eau, essayant vainement de chasser la culpabilité qui lui rongeait le ventre.

- Et puis, je l'ai suivi dans sa folie. Les animaux ne pouvaient pas expliquer ce qu'ils ressentaient avec ces sorts. Quand il m'a emmené dans cette pièce obscure, quand j'ai vu cet homme brisé, je n'ai pas réagit. Pour moi, ce n'était qu'un élément qui nous aiderait à trouver le pouvoir absolu, à apprendre encore plus. Les expériences ont continué de plus belle quand il a vu que ça ne me faisait ni chaud ni froid. Il avait façonné son élève à son image. Ça a duré presque un an. Notre cobaye avait fini par mourir, et, loin de ressentir tristesse ou culpabilité, je ne voyais là qu'un contretemps fâcheux. Il nous faudrait trouver un autre cobaye. Syran a déposé le corps de l'homme dans un fossé, puis nous a trouvé une autre personne. Et les incantations ont recommencé de plus belle. Jusqu'au jour où Ramzabeoulve a fracassé la porte de notre repaire. Dans ses yeux brûlait une soif de vengeance, une haine terrible.

Elle lissa machinalement ses cheveux, les yeux perdus dans le vague. Dans son esprit se déroulait la scène, et un long frisson parcouru son échine. Elle toussota, et reprit son récit :

- C'était le frère de notre premier cobaye. Il avait retrouvé le corps, et savait ce qu'on lui avait fait. C'était comme un ouragan qui s'abattait sur l'atelier de mon mentor. Nous étions pris par surprise, et incapables de lutter physiquement contre une telle colère. Je ne me souviens pas vraiment ce qu'il s'est passé. Je sais juste que tout mon corps n'était que douleur, et que Syran reposait près de moi, sans vie. Je me rappelle du nouveau cobaye qui hurlait qu'on le libère, et Ramzabeoulve avait été distrait. J'en avais profité pour fuir. Je me suis retrouvée perdue dans la forêt, et pour la première fois, je réalisais ce que j'avais fait, comme si la mort de mon mentor avait soulevé le voile qui aveuglait ma conscience. Je faisais souffrir animaux et hommes pour le simple plaisir de sentir mon pouvoir sur eux. Adossée contre le tronc rugueux d'un chêne, je priais pour que la Mort vienne me chercher, et me lave de tout ce mal. Je ne concevais pas de vivre avec le souvenir de mes actes. C'est impossible de décrire à quel point je me détestais à ce moment là. J'avais accepté le pire enseignement sans le moindre esprit critique, sans songer un seul instant au bien ou au mal. La douleur physique avait disparue, submergée par ce tourbillon de haine et de culpabilité.

Si son corps était bel et bien dans la cuisine, l'esprit d'Alena était loin, très loin de là. Sa voix était devenue murmure, et les larmes remplissaient ses yeux sombres. Elle racontait son histoire, sans se soucier de l'impact que ça aurait sur Aurion.

- Mais les pas feutrés qui s'approchaient de moi n'étaient pas ceux de la Mort. C'était un homme hirsute, un sauvage qui vivait en reclus. Malgré mes protestations, il m'a emmené avec lui. Ignorant mes supplications, il a refusé de m'achever. Contre ma volonté, sans répit, il a soigné mes blessures physiques. Et ce n'était pas de la reconnaissance que j'éprouvais pour lui, je lui en voulais de prolonger mon calvaire, de me forcer à vivre avec ça sur la conscience. Pour le convaincre que je ne méritais pas de vivre, je lui ai tout raconté. Ses iris bleus m'ont longuement scruté et il s'est contenté de hausser les épaules. Il n'a jamais cherché à me déresponsabiliser de mes actes. Je n'avais aucune excuse, ni mon jeune âge ni la fascination que j'éprouvais pour mon mentor. J'avais participé à la torture et à la mort d'un homme, et absolument rien ne pouvait excuser ça. Mais il me montra une issue : à chaque bonne action réalisée, je rachetais une infime partie du mal fait. Il ne me considérait pas comme un monstre, il n'avait ni mépris ni dégoût pour moi. Il m'acceptait avec mon passé, sans me juger, et m'aidait. Le temps passait, et nous étions tous les deux conscients que rien ne me retenait dans sa cabane perdue au milieu des bois. Enfin... j'étais soignée, et j'avais toutes les clefs pour vivre avec mes actes. La seule chose qui me retenait, c'était lui.

Un sourire triste se dessina sur son visage.

- Oui, je l'aimais. Pour ce qu'il avait fait, pour sa vision de la vie, pour ses idéaux. J'aimais son corps, ses yeux, son visage. Je n'avais pas vu venir ces sentiments, ils s'étaient installés sournoisement, au fil du temps. Je ne concevais pas de partir, je ne concevais plus ma vie loin de cet homme apaisant et tendre. Maodan... Il s'appelait Maodan. Et il ...

Sa voix se brisa. Si Aurion avait parlé, elle ne l'entendit pas. La force de ses sentiments pour Maodan ne l'avait jamais quittée, et elle est incapable d'en dire plus sur lui sans fondre en larmes. Refusant de se donner en spectacle, elle inspira longuement et reprit :

- Sa cabane était devenue notre chez-nous, et nous nous aimions, cachés des hommes. Chaque jour apportait sa dose de bonheur simple, de rires et de tendresse. Le temps passait, mais ça n'avait aucune importance. Nous avions tous les deux trouvé un nouveau sens à notre vie, et elle nous paraissait soudain inestimable. Mon ventre qui s'arrondissait annonçait un bonheur plus intense encore. Et puis... et puis Ramzabeoulve nous a retrouvé. Je ne sais pas comment il avait fait. La mort de Syran ne l'avait pas satisfait, il voulait nous voir tous les deux morts. L'isolement qui nous plaisait tant accéléra notre perte. Loin de tout, rien ne pouvait empêcher sa vengeance. Il avait appris la magie, et c'est ainsi qu'il nous maitrisa. Et pendant des jours, il...

Elle s'interrompit à nouveau, et ses mains se crispèrent autour de son verre. Les larmes courraient le long de ses joues, mais son murmure, mélange de douleur et de haine froide, restait ferme.

- Pendant des jours, il a torturé Maodan. Je voulais juste lui épargner un peu de douleur, alors je répétais tout ce que Ramzabeoulve me demandait. Quand il était lassé de mon homme, il s'en prenait à moi. Les coups et les viols n'avaient pas d'importance, je craignais pour la vie que je portais en moi et pour l'homme que j'aimais. J'étais coupable, et je méritais son courroux, mais eux, ils n'avaient rien fait. Il a tué Maodan, et s'apprêtait à faire de même avec moi quand... je ne sais pas ce qu'il s'est passé. J'ai utilisé la magie, mais je ne connais ni le sort, ni son origine. Je ne sais pas d'où je l'ai puisée. Je sais juste que quand j'ai repris conscience, son corps semblait disloqué, et il ne représentait plus de menace. Le visage de Maodan était figé dans un masque de douleur qui hante encore mes nuits. Je ne sais pas combien de temps je suis restée auprès de lui, ni comment j'ai pu l'enterrer, et encore moins comment j'ai pu me retrouver dans un village à plus de cinquante lieues de là. Une vieille femme m'a recueillie, et m'a soignée. Mes cheveux étaient devenus blancs, et elle me dit qu'elle ne pouvait rien faire contre ça, que c'était sans doute dû à la peur. C'est elle qui m'a aidé à donner naissance à Philippa. Notre fille... le fruit de notre amour... la seule chose qui me maintenait en vie. Dès qu'elle a été en âge de supporter le voyage, j'ai quitté le village. J'avais deux morts sur la conscience, et beaucoup à faire pour racheter tout le mal que j'avais fait.

Des bruits de pas sur le carrelage l'interrompirent. Une fillette, pied nus, sa chemise de nuit bien trop grande pour elle, se précipita sur les genoux d'Alena. Sourire tendre qui se dessina sur le visage de la jeune mage. Elle serra sa fille contre elle, et soutint le regard d'Aurion pour la première fois :

- Alors je suis venue à Nosville, là où on avait besoin de guerriers pour lutter contre le mal. J'ai appris comment faire le bien, et je m'y suis employée, de toutes mes forces, sans répit. Pour elle.