Pour ceux qui aiment l'Histoire et les légendes, ma passion pour les Templiers. ^^

Les croisades sont surtout connues pour être un élan fanatique qui pousse la croyance chrétienne à l’excès, et justifie tout une série de guerres entre le XIème et le XIVème siècle. Mais on va quand même faire un petit état des lieux sur les rapports de force au début de cette longue histoire juste pour montrer que c’est aussi des raisons politiques qui ont, sinon provoqué, tout au moins justifié les croisades. Notez qu’à l’époque, l’Ordre du Temple n’existe pas, sa création ne date pas d’avant la première croisade, elle arrivera après. On va donc partir de l’Histoire avec un grand H, et on glissera petit à petit vers les mythes et légendes au fur et à mesure. Mais le plus fascinant dans tout ça, c’est que les faits historiques sont parfois tellement troublants que la réalité dépasse parfois la fiction, et je pèse mes mots. Allez zou, c’est parti, j’espère que ça vous plaira. ^^

On va se placer du point de vue de l’Eglise. La ville de Jérusalem est tombée aux mains des arabes en 638, et la période entre 634 et 711 à vu les terres sous influence chrétienne se réduire comme peau de chagrin. Les lieux mettant en scène les écrits bibliques sont donc musulmans. Autour de la Méditerranée occidentale, les avancées vont aller jusque dans la peninsule hibérique: l’actuelle Espagne va devenir au cours du Xème siècle un puzzle de califats, et les frontières se rapprochent de l’Italie quand la Sicile devient un émirat en 902. Quelques réactions se feront sentir, respectivement Charlemagne à Poitiers en 732, puis entre 1061 et 1091, lorsque les normands italiens reprendront l’île de Sicile.

A l’aube de la première croisade, les deux régimes les plus puissants sont les empereurs germaniques (qui eux aussi se réclament de certaines terres chrétiennes, mais n’entreront jamais en conflit ouvert) et surtout l’Empire Byzantin, dont l’Empereur gardait alors son influence sur le Pape. C’est de cet empire que viendra l’étincelle, après l’accession au trône d’Alexis 1er Comnène. Lui aussi a de très loooongues frontières avec les musulmans en orient, qu’il garde à peu près stables jusqu’aux alentours de 1079. Avant cette époque, le Moyen Orient est un peu comme la péninsule hibérique: un puzzle. Les actuels Iran, Irak et Syrie sont sous le contrôle des Sunnites orthodoxes (le califat de Baghdad), l’Egypte est un califat Shiite, sous le contrôle des Fatimides depuis 969, et en plus de l’Empire Chrétien de Byzance qui a ses frontiers orientales en Anatolie, une armée de turcs Seldjuks va venir s’établir ! En 1055, elle a conquis la Syrie, la Palestine, l’Irak et s’est imposée jusqu’en Anatolie du Nord, pour défaire la puissante armée byzantine en 1071 à Manzikert. Elle se positionne ainsi solidement à Nicaea, et se rapproche dangereusement de Constantinople. L’Empereur Alexis va alors se tourner vers l’Occident, et chercher des alliés. On est à quelques années de la première croisade.

Dans un premier temps, il ne sera pas facile de voir se construire une alliance occidentale. Avant que l'Empire Byzantin ne se stabilise, il faudra attendre que trois empereurs se succèdent... Car si Alexis Comnène était déjà présent pour défendre son pays bien avant Manzikert, il n'était que général! Entre 1071 et 1078, 2 co-empereurs se partagent le pouvoir à Constantinople: Romain IV Diogène est celui qui sera capturé lors de la défaite à Manzikert, et il ne restera alors que Michel VII Doukas, un empereur inactif qui ne tardera pas à être renversé. C'est Nicéphore III qui prendra le pouvoir par la force, grâce à une alliance avec... les turcs Seldjuks! Ceux là même qui menaceront de prendre Constantinople après leur victoire à Manzikert. L'Empire Byzantin est mal en 1081, très mal...

Du côté de Rome, c'est pas la joie non plus. Le débat qui est au cœur du problème est ce que les historiens appellent "Querelle des Investitures". Le pape Grégoire VII entame une réforme (dite "grégorienne" donc) qui consiste à réguler les possessions matérielles des évêques et abbés, et contrôler l'attribution de leur autorité religieuse. Bref, le pape veut reprendre le contrôle de ses représentants. Le problème c'est qu'au Saint Empire Germanique, son altesse impériale Henri IV veut garder ce pouvoir. L'impasse diplomatique restera même après Grégoire VII. Son successeur, Victor III, continuera d'appuyer cette réforme. Aucun ne pliera, nous sommes en 1087.

Petite parenthèse... Il y a tout de même en 1061 un événement essentiel. Il s'agit d'une guerre d'un genre tout à fait nouveau à cette époque. Je l'avais mentionnée dans le premier post sans la détailler, il s'agit de la campagne normande pour reprendre la Sicile des mains des musulmans. Pour étendre son influence, l'Eglise appuya cette guerre d'une manière symbolique qui marquera les siècles à venir. Elle décrètera que mourir en défendant, ou en tentant de reprendre une terre chrétienne assurera l'absolution, et proclame la rémission des pêchés pour ceux qui guerroient contre les infidèles. La Guerre Sainte est née...

Mais revenons à la situation diplomatique compliquée en occident. A Constantinople, le 1er avril 1081, Alexis Comnène, avec le soutien de l'aristocratie militaire, renverse son prédécesseur et devient Alexis Ier, Souverain de l'Empire Byzantin. Avec l'arrivée du pape Urbain II en 1088, et grâce au soutien que lui apporte Conrad le fils d'Henri IV, le Saint Empire Germanique plie et l'Eglise reprend toute son autorité sur les chrétiens d'Occident. En 1095, le pape convoque le Concile de Plaisance, où il entend les ambassadeurs réclamer l'aide militaire pour repousser les Seldjuks. Le pape va alors lui-même prêcher. Certainement pas chez les germains... Non, il va aller là où la jeune noblesse ne demande qu'à guerroyer, dans un pays dont le sud à entendu parler des avancées maures en Espagne et vers Poitiers. Au pays de la Chanson de Roland. Il va faire le tour de la France pour demander aux chrétiens de faire vœu de pèlerinage à Jérusalem, assurant que même ceux qui périront sur la route seront absous de tout pêchés dans cette épreuve. On appelle alors ces premiers hommes qui portent la croix, les cruce signatis.